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La violence chez les jeunes à Dakar : Contexte facteurs et réponses

Contexte et justification

Depuis quelques années, la sécurité dans les villes est au centre de l’agenda international, notamment à travers des programmes comme « Villes sûres et inclusives  » porté par le CRDI et « Villes plus sûres  » piloté par ONU-Habitat. Si la violence n’est pas forcément urbaine, il est admis que l'urbanisation galopante a un impact sur la sécurité quotidienne des habitants des centres urbains. Cette question revêt une importance particulière pour des pays en pleine transition urbaine comme le Sénégal.

À Dakar, le phénomène de l’insécurité urbaine ne cesse de s’exacerber et d’inquiéter à la fois, populations, chercheurs et décideurs. Les auteurs des agressions sont de plus en plus jeunes, avec un âge moyen compris entre 15 et 35 ans.. De même, la criminalité a pris un coup de genre. Si les jeunes filles sont les premières victimes dans les crimes de sang (viol suivi d’assassinat, agressions…), elles sont aussi impliquées, de plus en plus, dans des cas de violences et d’incivilités urbaines (consommation de drogues entre autres formes de délinquances).

Si tout le monde s’accordait à dire que la banlieue était la zone la plus criminogène de l’agglomération dakaroise, mais ces dernières années, aucune partie de la métropole n’est épargnée. On est passé d’une insécurité dictée par l’instinct de survie à une insécurité criminelle. Malgré de multiples initiatives de sécurisation des personnes et des biens, le phénomène semble bien enraciné dans une société en pleine dynamique urbaine.

Or, au Sénégal, on dispose encore de peu de connaissances sur les ressorts de la violence urbaine et l'efficacité des réponses développées jusque-là pour lutter contre la violence des jeunes. Les liens existant entre la violence, les situations socioéconomiques, l’exclusion et le cadre de vie urbain font rarement l’objet de production scientifique. Aussi, les réponses officielles des pouvoirs publics, les stratégies de résilience développées par les jeunes eux-mêmes, en particulier les jeunes filles, pour faire face aux situations de violence, d’exclusion et d’injustice ne sont pas assez documentées et connues, afin de mieux améliorer les politiques de sécurité urbaine.

Ces différents aspects font l'objet de ce projet de recherche action participative financé par le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI) pour une durée de trois (03) ans : 2017 - 2019 et exécuté par l’Institut Africain de Gestion Urbaine (IAGU).

La recherche  intervient à un moment où les collectivités locales, sous l’effet de l’acte 3 de la décentralisation, sont devenues des communes de « plein exercice »; renforçant les prérogatives du Maire en matière de sécurité pour « assurer le bon ordre, la sûreté, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publics » sur le territoire de sa commune en collaboration avec les autorités administratives locales et les forces défense et de sécurité. Elle est en cohérence parfaite avec le Plan Sénégal Émergent (PSE) dont l’axe 3 : « Gouvernance, Institutions, Paix et Sécurité » cible la consolidation de la paix et de la sécurité comme soubassement du développement du pays.

Objectifs de l'étude

L’objectif général de cette étude est de fournir des données probantes, aux décideurs publics, aux acteurs sociaux et aux jeunes (filles et garçons), qui permettront l’élaboration de politiques et de programmes pour lutter efficacement contre l’exclusion des jeunes et leur engagement dans les situations de violence. Comme objectifs spécifiques, le présent projet vise à :

  1. Conduire un diagnostic critique des facteurs politiques, économiques, sociaux, culturels, institutionnels et l’aménagement qui expliquent l’exclusion des jeunes (filles et garçons) et leur engagement dans la violence dans le but d’élaborer des politiques et des programmes plus efficaces;
  2. caractériser les politiques publiques et les stratégies de résilience développées par les jeunes(filles et garçons) pour faire face à l’exclusion et à la violence et assurer une meilleure sécurité urbaine;
  3. faciliter le développement de plateformes et de solutions innovantes, portés parles jeunes (filles et garçons), à travers la technologie pour la sécurisation de leurs espaces.

Résultats attendus

Les résultats attendus porteront sur:

  • la production de connaissance pour l'influence des politiques, des débats publics et des pratiques sur la sécurité et la résilience des jeunes face à l’exclusion et à la violence;

  • le renforcement des capacités des chercheurs qui seront mieux outillés pour travailler sur des problématiques liées à la violence et à l’exclusion des jeunes ;

  • le renforcement du leadership, de l'autonomisation et de la créativité des jeunes à se prendre en charge par le développement de mécanismes de négociation ou d’engagement avec les décideurs tant au niveau local que  national pour une meilleure sécurisation de leurs espaces ;

  • le développement de technologies innovantes intégrant les NTIC avec différentes incidences sur les stratégies et politiques qui ciblent la violence impliquant les jeunes.

Zone d'étude

Cette étude est centrée sur l’agglomération dakaroise. Elle va comparer deux communes : HLM, avec un habitat planifié constitué de quartiers lotis dans la ville de Dakar et Médina Gounas une commune formée de quartiers spontanés précaires et non aménagés située dans la ville de Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar.

Le choix de ces deux sites s’explique aussi par le fait qu’ils se présentent, ces dernières années, comme de hauts lieux de la violence à Dakar, avec la multiplication des agressions physiques et autres délits, suivis souvent de mort d’hommes.

Institution de mise en œuvre du projet : Institut Africain de Gestion Urbaine

Le projet sera mis en œuvre par l’IAGU dont la mission est d’accompagner les municipalités de l’Afrique de l’Ouest et du Centre à renforcer leurs capacités de planification et de gestion pour construire des villes inclusives, prospères et durables. L’IAGU conduit des programmes et projets de recherche-action, d’appui technique et de formation sur les problématiques de développement durable des collectivités locales en Afrique de l’Ouest et du Centre en général, au Sénégal en particulier. Accrédité par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’IAGU travaille aussi en collaboration avec les agences de coopération multilatérale comme bilatérale, les agences gouvernementales, les municipalités ainsi que la plupart des acteurs de la gestion urbaine au Sénégal et dans la sous-région.